À l’initiative d’Éric Vigner et d’Alban de Tarlé, un Centre de Recherches et de Création Théâtrale s’est mis en place sur Pau, associant les services culturels de la mairie, un collège de chercheurs, Éric Vigner pour la mise en scène, des comédiens, un collège d’enseignants, des élèves et étudiants.
La seconde édition est consacrée à Alfred de Musset et les élèves de terminale suivant la spécialité Humanités, littérature et philosophie ont eu la chance au mois d'octobre d’assister aux deux premiers évènements : une représentation et une journée d’études.
La représentation : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée,
mise en scène d’Éric Vignier,
avec Hélène Babu dans le rôle de la Marquise
et Thibault de Montalembert dans celui du Comte.
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée est un proverbe d’Alfred de Musset en un acte publié en 1845 dans la Revue des deux mondes. La pièce fut jouée pour la première fois en 1848. Comme le définit Sylvain Ledda : « Le proverbe dramatique est une forme ludique dont Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée constitue un modèle du genre. À l’origine, le proverbe se joue entre deux paravents, face à un public directement concerné par l’intrigue et les personnages. L’intrigue est souvent simple et le nombre de personnages réduits. Au dénouement, un proverbe ou un adage est prononcé, qui éclaire rétrospectivement l’action dramatique. [1]»
[1]D’après le livret Musset, Pau 03>07 oct. 23, Centre de Recherche et de création théâtrale de Pau, p.42.
Le spectacle, une étape de la création, s'est déroulé le mardi 3 octobre à 20h au Théâtre Saint-Louis, l’un des derniers théâtres à l’italienne que l’on trouve en France.
Ce que les élèves en ont pensé...
" Les acteurs étaient très talentueux (surtout très entraînés je pense!). La pièce me paraissait compliquée au début, mais une fois introduite dans la scène, dans l’histoire de la pièce, je comprenais facilement. Je me suis même surprise à sourire à des répliques ou attitudes comiques."
" En général quand on dit le mot « théâtre », on se dit que ça va être long et peu intéressant mais il ne faut pas parler avant d'y être allé au moins une fois, car le spectacle de Musset était intéressant à regarder et c’était sympa d’avoir reçu un petit livret au début."
"J’ai trouvé cette pièce de théâtre très intéressante dans sa façon de représenter la difficulté d’avouer et de parler de ses sentiments amoureux. Nous avons d’un côté une femme très renfermée sur ses sentiments, qui montre une partie d’elle complètement désintéressée, alors qu’elle est bel et bien amoureuse. Et de l’autre, un homme qui affirme ses sentiments et court après sa dame pour lui dire l’inavouable. Cette pièce m’a énormément plu car l’amour reste quelque chose de très compliqué, surtout quand on ne sait pas s’il est réciproque et quand cela devient un jeu dangereux comme dans cette pièce. De plus, une citation m’est venue lorsque la pièce s’est terminée : « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis ! »"
"J’ai bien aimé cette pièce car elle comporte plusieurs aspects très intéressants : le fait qu’il n’y ait que très peu de décor m’a tout d’abord embêtée mais au final cela mettait bien en valeur les acteurs et ce qu’ils se disaient. Et puis le manque de décor était compensé par de beaux costumes d’époque. Il était également passionnant d’observer le travail de ces acteurs, très talentueux, au point de nous faire oublier le manque de décor. Avoir la possibilité de voir ce genre de pièces au lycée est une réelle chance, que je recommande à tous."
"La pièce d’Alfred de Musset, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, traite de la déclaration amoureuse d’un comte envers une marquise.J’ai trouvé intéressante la façon dont la marquise, affirmant ne pas partager de tels sentiments, rejette le comte, qui à son tour, prétend vouloir partir mais ne le fait pas pour autant, comme s’il ne pouvait rien faire d’autre qu’être aux côtés de celle qu’il aime.
Au-delà de cela, la marquise, elle-même, agit de façon contraire à ce qu’elle ressent : on comprend, tout au long de la pièce qu’en réalité, elle est bel et bien amoureuse de son invité ; mais c’est comme si elle ne pouvait le lui avouer, comme si le souvenir de ses déceptions amoureuses passées l’empêchaient de se risquer à l’aimer. En définitive, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, est une pièce du XIXe siècle qui pourtant porte sur des sujets contemporains comme la difficulté à déclarer ses sentiments à l’autre, à se les avouer, l’envie de ne plus se mettre en danger dans des relations insatisfaisantes ou encore l’impossibilité de se détacher de la personne dont on tombe amoureu.x.se malgré son refus catégorique. En bref : tout le monde peut s’y identifier."
La journée d’études
du samedi 7 octobre au théâtre Saint-Louis
Le collège de recherche du cycle Musset est constitué de quatre chercheurs, qui ont partagé leurs réflexions sur les thèmes qui ont influencé Éric Vignier et son équipe artistique pendant les répétitions du proverbe Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée.
Ainsi, Sylvain Ledda, Professeur de littérature française à l’Université de Rouen en Normandie, nous a parlé de « La singularité d’Alfred de Musset au sein du courant romantique ».
Puis Esther Pinon, Maîtresse de conférences en littérature française à l’Université de Rennes 2, a consacré son intervention à « La vérité chez Musset, théâtre et poésie ».
Ensuite, Hélène Laplace-Claverie, Professeure de littérature française à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, s’est exprimée sur « Le genre dans l’œuvre de Musset : le vertige de l’entre-deux ».
Enfin, Pierre Causse, Maître de conférences en études théâtrales à l’Université de Rennes 2, nous a parlé de « La mise en scène de la nature dans le théâtre d’Alfred de Musset », ainsi que de la météorologie dans le proverbe.
Chacune et chacun a introduit sa présentation par le récit souvent passionné, jamais indifférent, de sa première rencontre avec Musset et son œuvre, une belle mise en perspective qui nous a interrogé.es sur notre propre rencontre avec cet artiste.
Les interventions se sont organisées par paires, puis la possibilité était offerte au public de poser des questions.
Ce que les élèves en ont pensé...
"Quelques jours après avoir vu une pièce de théâtre de Musset, nous sommes allés à la rencontre de chercheurs (également professeurs) ayant travaillé sur un projet concernant Musset. Ils étaient donc spécialisés sur le théâtre et plus particulièrement sur celui de Musset. Ils ont partagé avec nous, chacun leur tour, leur passion pour Musset et ses œuvres mêlant théâtre et poésie. Ils ont également analysé certains passages de ses pièces de théâtre. Puis, nous avions droit à un temps d'échanges avec les chercheurs, en leur posant des questions. Ils ont dit des choses très intéressantes mais j'ai trouvé cela très long et je m'attendais à plus d'échanges."
" Les interventions des chercheurs le samedi étaient très intéressantes. On ressentait leur passion pour leur sujet et les analyses étaient très instructives, notamment celles sur le passé de Musset. Il a été question de ses relations avec les femmes, compliquées, de son tempérament violent, de ses penchants fâcheux à l’alcoolisme, de ses blessures profondes."
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